Il est temps pour vous de changer votre vieille fosse septique ? Le SPANC vous a signalé la non-conformité de votre assainissement ? Vous venez d’acheter une maison dont l’équipement est obsolète et vous réfléchissez à en changer ? Vous faites construite une maison sans le tout à l’égout ?
Dans tous les cas, cette question nécessite une petite réflexion. Chacune des solutions comporte des avantages et des inconvénients suivant vos besoins, et même des restrictions selon votre terrain.
Avant tout, comparer un système dit de « filière traditionnelle » (la fosse toutes eaux qui remplace la fosse septique) et un équipement moderne tel que la micro-station, est-ce bien opportun ? La différence entre les deux équipements étant assez importante, les mettre en parallèle peut paraitre un peu inapproprié. Et pourtant, lorsqu’on est confronté à une mise en conformité ou bien une création, les deux solutions peuvent souvent (mais ce n’est pas toujours le cas comme nous le verrons) être envisagées.
La question du choix de l’un ou de l’autre se pose et les arguments pour les départager sont nombreux. Du prix, à l’encombrement en passant par les coûts d’entretien ou encore leur durée de vie, nous avons passé en revue ces critères pour vous aider à y voir plus clair.
Taille et pente de la parcelle ou du jardin : mieux vaut-il une micro station ou une fosse toutes eaux ? Quel encombrement ?
Concernant l’espace occupé par les deux modes d’assainissement, la différence est assez flagrante. En effet, la fosse septique appelée maintenant fosse toutes eaux se présente sous la forme d’une cuve mais elle ne peut être installée seule, elle fonctionne obligatoirement avec un dispositif complémentaire, par exemple le filtre sable.
Ce tandem est une technique ancienne d’assainissement. C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’elle est appelée « filière traditionnelle ». La fosse qui sera positionnée dans une fouille creusée, nécessite un espace d’environ 5 m². En revanche le filtre à sable associé consiste à terrasser (excaver) un carré de 25 m² minimum sur 1,2 m de hauteur, pour le remplir ensuite de drains enrobés de cailloux roulés et de sable afin d’achever la filtration des eaux.
Bien qu’on ne perçoive pas le filtre de l’extérieur en dehors des regards d’entrée et de sortie car recouvert de terre et d’herbe, il n’est pas possible de planter de végétation ni de faire rouler un véhicule sur cette surface et à moins de 3 mètres, au risque de détériorer l’équipement.
C’est pourquoi la fosse toutes eaux et son traitement (filtre à sable, tranchées…) ne peuvent être installés qu’en présence d’un terrain suffisamment important. Dans le cas de petits jardins, il est presque impossible d’envisager une filière traditionnelle.
Autre cas où la réalisation d’une filière traditionnelle n’est pas envisageable…un terrain avec une pente trop importante
La microstation, quant à elle, nécessite seulement un espace d’environ 7m². Elle ménage l’espace d’intervention dans le jardin. Elle fait en effet partie de ce qu’on appelle les filières agréées et filières dites « compactes ».
Résultat : net avantage pour la micro station. En effet, privilégiée souvent pour son faible encombrement, elle évite une intervention lourde dans les espaces extérieurs. En revanche elle ne tolère pas plus que la fosse toutes eaux, la présence d’arbustes ou d’arbres trop proches.
Alimentation électrique / Consommation d’électricité : la différence entre micro station et fosse toutes eaux
S’agissant de la consommation en énergie, il est à signaler que les deux équipements diffèrent totalement sur ce point.
La fosse toutes eaux (proche de l’ex fosse septique) est une cuve accompagnée d’un massif filtrant qui, de par son installation, permet un écoulement gravitaire (c’est-à-dire naturel) des eaux durant le traitement.
Concernant la microstation, le fonctionnement même de l’épuration est conditionné par un petit compresseur alimenté en électricité permettant un brassage et une arrivée de bulles d’air pour le traitement des eaux. Une microstation ne peut donc fonctionner sans électricité à la différence de la filière traditionnelle. Elle doit être alimentée électriquement en permanence pour fonctionner. En fonction de la technologie et de la taille de la micro-station le coût annuel d’électricité pour le traitement peut varier de 35 à 200€
Il faut néanmoins indiquer que parfois (selon étude de sol), les eaux traitées ne peuvent être infiltrées sur place et doivent être évacuées ailleurs et ce, que ce soit en microstation ou en filière traditionnelle. Il faut alors trouver un exutoire (point bas pour un écoulement gravitaire). Or si le terrain présente une pente insuffisante ou pas de fossé proche, un poste de relevage (pompe électrique) va devoir être installé (tant pour la microstation que pour la filière traditionnelle). Un besoin de raccordement électrique est nécessaire dans ce cas.
Résultat : avantage pour la filière traditionnelle (fosse toutes eaux). En effet, l’écoulement naturel des eaux durant le traitement permet d’éviter la consommation d’électricité, excepté dans le cas où les eaux traitées doivent être évacuées dans un point plus haut (poste de relevage nécessaire).
Maintenance et entretien, laquelle des solutions micro-station ou filière traditionnelle est la plus économique ?
Si la maintenance n’est pas une opération très lourde dans les deux cas, il est important de savoir que la microstation comportant des pièces dites « d’usure » c’est-à-dire des pièces électro-mécaniques (électrovannes, compresseur etc), elle aura besoin d’un entretien annuel réalisé par un professionnel (le coût d’un entretien est compris entre 150 et 200€).
Un peu comme une chaudière ou une pompe à chaleur, la microstation a besoin d’être contrôlée pour vérifier le bon fonctionnement et nettoyer si besoin les pièces encrassées ou défectueuses. Cet entretien permet d’éviter une éventuelle panne en changeant préventivement les pièces de fonctionnement.
La filière traditionnelle elle, n’a pas besoin d’un entretien annuel réalisé par un professionnel mais celle-ci doit faire l’objet uniquement d’un nettoyage du filet en sortie de fosse toutes eaux ainsi que d’une inspection régulière des regards du filtre. Un nettoyage à l’eau du regard disposé en entrée de filtre, qui opère la répartition des eaux traitées dans les drains, permettra d’éviter un colmatage trop rapide des couches de sable du filtre.
Enfin la vidange des cuves (dans les deux cas, une vidange régulière est nécessaire), sera fonction de la capacité de celles-ci. Généralement, une vidange tous les 4 ans environ dans les deux cas est à prévoir. Mais ATTENTION, certaines technologies de micro-stations nécessitent des vidanges qui peuvent être annuelles
Résultats : avantage pour la filière traditionnelle (ex fosse septique). Avec un fonctionnement rudimentaire, sa simplicité permet d’éviter un entretien plus fréquent en cas de microstation. Dans le cas de la fosse toutes eaux, l’entretien courant ne nécessite pas l’intervention d’un professionnel (à condition de respecter un mode opératoire).
Pour choisir entre une fosse toutes eaux ou une micro-station posée, le prix des travaux ?
Sur le plan du coût des travaux, il faut prendre en considération 2 grands aspects :
- Le coût des fournitures :
Pour la filière traditionnelle, la fosse toutes eaux en elle-même n’est pas onéreuse, en revanche une quantité importante de granulats est nécessaire pour la réalisation du lit filtrant.
La micro-station, elle, implique peu de granulats et le coût principal est le système lui-même.
- Le coût de la mise en oeuvre
La pose d’une micro-station demande moins de travaux de mise en œuvre que la filière traditionnelle. Cette dernière nécessite en général plus de terrassement en fonction de l’accessibilité, et l’évacuation des déblais le cas échéant.
Résultat : le coût des travaux des deux assainissements peut être assez proche. Généralement, la filière traditionnelle sera plus économique qu’une micro-station, cependant pour les grosses installations, la micro-station peut s’avérer plus avantageuse.
Délais et modalités d’installation : choix d’une microstation ou d’une filière traditionnelle ?
La comparaison des deux systèmes au regard des travaux qu’ils nécessitent est assez nette. La microstation nécessite de moins « retourner » le jardin donc le délai sera un peu plus court. La filière traditionnelle implique des travaux de terrassement un peu plus conséquents et donc une durée de chantier un peu plus importante.
Résultats : sur le plan de la durée des travaux, on peut dire que le chantier d’une micro station est un peu plus rapide que pour la fosse toutes eaux.
Durée de vie : microstation ou fosse toutes eaux ?
Concernant la longévité des systèmes, on a de bonnes raisons de se poser la question d’un investissement qui porte sur plusieurs années. En effet, un chantier pour assainissement individuel engage un effort financier important et l’on souhaite que ce soit pour une durée la plus longue possible.
Pour la micro-station, le recul sur la durée de vie commence à être connu de manière plus précise car ce type d’équipement existe depuis maintenant une vingtaine d’années environ (la première génération d’équipement a permis de voir les défaillances possibles et les points sensibles lors de l’entretien).
Si certaines microstation « tournent » encore plus de 20 ans après leur mise en service, il faut préciser que ce sont des modèles qui ont été entretenus soigneusement. Les pièces d’usure si elles sont régulièrement changées et maintenue permettent à la micro-station sa longévité.
Pour la filière traditionnelle, système éprouvé depuis bien longtemps, la durée de vie de la fosse toutes eaux est similaire à celle de la micro-station. En revanche, le filtre à sable (ou dispositif drainant) qui lui est associé, peut donner des signes de faiblesse une quinzaine ou une vingtaine d’années après sa pose s’il n’est pas bien entretenu.
En effet le colmatage du filtre à sable est la cause de fin de vie d’un système de filière traditionnelle (fosse toutes eaux). Or, les drains enterrés ne sont pas accessibles et le sable une fois celui-ci chargé de dépôts et fines particules issues des eaux décantées, est impossible à « nettoyer ».
Résultat :
La filière traditionnelle avec sa fosse toutes eaux, peut donner l’impression de longévité car souvent assez peu d’attention est portée à son entretien. Mais sa durée de vie peut aller de 15/20 ans à 30 ans pour certaines.
La microstation, bien que plus « technologique », possède, elle aussi, des atouts de longévité si elle est bien entretenue.
Il faut donc nuancer cette question de longévité : dans les deux cas, la longévité est fonction de l’attention qui sera portée à l’équipement proprement dit.
Verdict :
Finalement, le choix entre la filière traditionnelle ou la microstation dépendra des contraintes liées à la parcelle et surtout de la réglementation (par exemple la micro station est interdite pour les maisons secondaires).
Selon votre budget et les conditions du terrain, le premier équipement pourrait bien être plus avantageux que le second et inversement. La bonne vieille « fosse septique » (appelée fosse toutes eaux, on ne le dira jamais assez !) sera toujours plus robuste mais nécessitera plus de travaux à la création et lors du renouvellement.
La différence d’encombrement est une base incontournable mais dans le cas où vous avez de la place, les deux équipements auront des arguments à faire valoir.
En définitive, si les deux solutions permettent d’épurer les eaux usées, la fosse septique garde aussi un atout de taille : celui de la passivité. En effet, en fonctionnant sans électricité, la fosse septique permet de ne plus se soucier de l’alimentation en énergie. De plus, cette filière ne consommant pas d’électricité pour traiter les eaux usées, elle est éligible à l’EcoPTZ (prêt à taux zéro).
A voir aussi : Filtre compact : le compromis entre filière traditionnelle et micro-station.